Le design de l’IoT : donner sens et forme aux données (2/3)

La révolution de l’IoT exige de nouveaux paradigmes de conception. Chaque semaine, nous présenterons le point de vue d’attoma sur la nécessité de penser les objets et systèmes connectés en fonction de leur utilité pour faciliter leur appropriation par les utilisateurs, dans la vie quotidienne comme dans le domaine industriel.

Du bon emploi de la data

Mais à quoi servent tous ces térabits de données générées par l’IoT ? Ces données sont restituées dans des interfaces qui permettent à un certain nombre d’individus, en charge de superviser des situations, d’avoir une vision d’ensemble pour analyser les évènements et pour éventuellement décider d’engager des actions quand quelques circonstances particulières réclament une intervention sur le terrain. Mais comment s’assurer que cette capacité de capter de la data apporte vraiment de la valeur à des utilisateurs et à des acteurs économiques ? C’est ici que le design intervient, en permettant de déterminer des valeurs d’usage et de définir une promesse de service.

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L’IHM, interface entre les données et les opérateurs (© Embix)

Prenons l’exemple des capteurs dans l’espace domestique. À partir du moment où l’on est capables de récolter des données sur ce qu’il se passe dans un bâtiment ou dans un logement, certaines entreprises œuvrant dans les secteurs de la sécurité, des télécoms, de la domotique, de l’eau ou de l’énergie revendiquent la légitimité d’utiliser cette ressource pour créer de nouveaux services. Nous avons ainsi mené un projet prospectif pour un fournisseur de services qui était en mesure de capter des informations sur d’éventuels écarts de comportement d’une personne âgée vivant seule à domicile et donc d’identifier des facteurs de risque par rapport à une perte d’autonomie par exemple.

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Les espaces de vie et de travail, des gisements de données convoitées par les acteurs économiques

Mind the user!

C’est l’occasion de rappeler la méthodologie du design de services que nous appliquons à l’agence attoma. On commence par observer et écouter, au-delà des croyances et des préjugés, les individus concernés, en l’occurrence les seniors, les familles, les médecins, les aidants et les personnels des différents dispositifs sociaux destinés aux personnes âgées. Une fois qu’on a établi une cartographie des besoins et des usages, on s’attache à définir les axes de cohérence avec les objectifs de l’entreprise. Après, on entre dans une phase de co-conception avec des experts et des utilisateurs, pour finalement prototyper un artefact à basse définition qui permet de tester et de valider les opportunités identifiées.

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Le design de services pour aligner insights utilisateurs et enjeux stratégiques de l’entreprise

Dans ce cas particulier, nous étions arrivés à un prototype d’application correspondant à un scénario d’usage dans lequel le système, après identification et paramétrage des patterns de vie et des habitudes d’une personne âgée particulière, restituait les écarts et donnait l’alerte à un certain nombre d’acteurs — par exemple quand la personne ne prenait pas sa douche ou ne sortait pas régulièrement.

Cette méthodologie permet de clarifier le projet, de voir s’il a du sens ou non et parfois, simplement, de revenir sur les présupposés de départ avant d’engager des investissements plus conséquents. Il se trouve que dans ce cas-là, la vision que l’entreprise avait construite ne correspondait pas à la valeur du service que nous avions identifiée, qui semblait trouver son sens plutôt dans une intégration avec les dispositifs publics de suivi socio-médicaux. Mais en se tournant vers cette direction, il est apparu rapidement que le modèle économique du service n’était pas assuré.

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Avant le paradis de la smart city, l’enfer de la data (© Zephylwer0)

Pour faire quelque chose des données générées par ces « bidules avec des capteurs à l’intérieur », il faut aussi que ces données soient utilisables, compréhensibles, lisibles et disponibles au moment où l’on a en besoin. Quand nous nous sommes penchés sur les systèmes critiques d’une entreprise comme ArcelorMittal par exemple, qui nous a sollicités pour concevoir une nouvelle génération d’interfaces de supervision pour des hauts-fourneaux, nous avons trouvé une accumulation de systèmes, chacun avec son interface et ses briques logicielles créées dans le temps, qui entraînaient une complexité d’usage particulièrement lourde pour les opérateurs. C’est pourquoi nous avons organisé des séances de travail collaboratif avec eux, pour concevoir des interfaces au plus près de leurs besoins dans un contexte d’usage tout à fait particulier.

Vous voulez en savoir plus ? Engager une conversation ? Écrivez-nous à attomalab@attoma.eu

Giuseppe a crée l’agence attoma à Paris en 1997, après des premières expériences variées dans le milieu extraordinairement riche et stimulant du design milanais des années ’90. Depuis, attoma est devenue une référence dans le domaine du design de services, dont elle a été l’un des pionniers en France, et du design de l’expérience. Tout au long de sa carrière, Giuseppe a été porté par une curiosité inépuisable et par la conviction inébranlable que le design peut réellement contribuer à construire un monde plus facile à vivre, plus inclusif, plus durable, et finalement plus beau. En 2019, Giuseppe a décidé de rejoindre le groupe Assist Digital, avec lequel il a trouvé une résonance évidente concernant l’attention portée à la qualité des relations humaines et à l’engagement éthique dans le business.